Les services presse

Williams Brown

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Tout commence par l’incontournable création de comptes. Vous pensez que ça prend cinq minutes, hein ? Eh bien non. Entre trouver des noms de comptes non pris (parce que tous les noms originaux sont déjà utilisés par des gens qui ne postent rien depuis 2012), configurer les adresses mail associées et vérifier chaque compte à travers dix étapes de sécurité, je me suis senti comme un hacker… mais avec moins de fun.

Premier jour : je crée un compte Facebook, un Instagram, un Twitter, un LinkedIn, et même un TikTok, parce que pourquoi pas ? J’envoie le tout à l’équipe, super fier de moi, en mode : « C’est bon, on est présents partout, on va cartonner ! » Pas un seul « like ». Même pas un commentaire de ma mère. Pas grave, je persévère.

Deuxième jour : Je décide de passer à l’action. Il est temps de frapper un grand coup avec des posts ultra travaillés. Je crée un visuel percutant, des messages hyper engageants… et le meilleur : j’ai ajouté #EvènementInoubliable. Rien. Absolument rien. Le vide intersidéral. Mais bon, c’est juste un début, je me dis.

Troisième jour : Bon, le digital c’est bien, mais il faut aussi du sérieux. Je décide de rédiger un dossier de presse. Long, détaillé, magnifique, avec des photos et tout ce qu’il faut pour que les journalistes sautent dessus. Envoi massif. Je prends le temps de personnaliser chaque mail. Une heure plus tard, aucune réponse.

Quatrième jour : Toujours pas de réponses. Je me dis que peut-être il y a eu un souci technique, genre leurs boîtes mail sont pleines, ou ils attendent juste le bon moment pour répondre (oui, on peut rêver). J’envoie un deuxième mail, en mode suivi : « Juste pour m’assurer que vous avez bien reçu le dossier de presse, au cas où il se serait perdu dans vos spams ! » – Spoiler : il est toujours dans leurs spams, ou pire, à la corbeille.

Cinquième jour : Je tente de relancer par téléphone. J’appelle un journal local. La standardiste me fait passer pour un stagiaire en train de s’entraîner pour un appel téléphonique fictif : « Oui, on vous rappellera… ». Je raccroche et me demande si j’existe vraiment ou si tout ça est un test.

Sixième jour : Ma créativité atteint un niveau maximal. Je crée des stories Instagram avec des gifs, je fais des sondages Twitter pour engager notre audience (composée de moi et un bot russe, apparemment), et je prépare un concours Facebook (avec zéro participants, mais bon, l’important, c’est de participer, non ?).

Septième jour : J’envoie le dossier de presse pour la troisième fois. Toujours rien. Je me demande si les journalistes ne sont pas des légendes urbaines, comme le monstre du Loch Ness. Beaucoup en parlent, mais personne ne les voit jamais.

À ce stade, j’ai l’impression que je fais de la communication pour un événement qui n’a lieu que dans une dimension parallèle où personne n’a internet. Je continue de poster, de liker mes propres publications en mode guerrier solitaire du web, et de me dire que peut-être, un jour, quelqu’un, quelque part, tombera par hasard sur notre page et se dira « Wow, cet événement a l’air génial. »

En attendant, je me console en me disant que si l’événement reste confidentiel, c’est pas si mal : après tout, le mystère, c’est la clé du succès, non ?

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